La charte des Ateliers Guizard

ouvrir un espace de guérison​

De la responsabilité de créer un jardin de soin

La création d’un jardin revêt toujours une grande responsabilité. Un jardin réussi apportera du bonheur dans la vie de ceux qui en auront l’usage, et bien peu s’il ne l’est pas, voire même du malheur…

Mais la responsabilité de créer un jardin de soins est sans doute bien plus grande ! Il nous est donné ici, en quelque sorte, le rôle de “médecin” (avec les guillemets qui s’imposent)  en même temps que celui de jardinier. Nous avons la responsabilité de prendre soin de personnes fragiles ou vulnérables en leur ouvrant un espace de guérison.

Afin de nous aider à toujours répondre de cette responsabilité, nous avons rédigé cette “charte du paysagiste de jardins de soins” qui nous est propre. Après tout, les médecins ont bien leur serment d’Hypocrate ! 

Ne pas se poser en paysagiste maître de tout imposant un produit établi d’avance

Il nous paraît vital, en particulier pour la pérennité du projet, que les objectifs du jardin soient pensés en équipe et que l’implication du personnel et des résidents soit recherchée au maximum, car ce sont eux qui feront vivre le jardin. Il est plus facile de prendre soin de son propre enfant.

S’appuyer très fortement sur les compétences des thérapeutes et des soignants

Les soignants sont les personnes les mieux placées pour connaître les pathologies et les besoins des personnes dont elles s’occupent. Nous établissons ensemble les supports les plus efficaces et les plus adaptés.

Aider à la naissance de jardins dont la beauté est appréciée parce qu'elle “soigne”

Mais nous n’en sommes pas les seuls créateurs (toute une équipe y a travaillé), et les jardiniers qui en prendront soin le sont bien plus que nous car ils le (re)créeront chaque jour. Laisser donc de la place pour l’action future.

Faire beaucoup avec peu

Les moyens financiers sont parfois limités, c’est une contrainte et non un obstacle. Nous avons la conviction qu’un jardin fait avec peu d’argent et beaucoup de coeur et de conviction a plus de chances d’être réussi et bénéfique qu’un jardin fait avec beaucoup de moyens mais peu d’implication humaine et de créativité.

Donner plus d’importance aux envies, besoins et désirs de ceux qui investiront le jardin

qu’à nos propres pré-conceptions sur ce qu’il pourrait être. Nous ne créons pas le jardin de nos rêves, mais celui d’autres personnes

Donner envie de jardiner

Nous devons mettre en place un environnement accueillant où l’usager aura envie d’être et de “travailler” de ses mains

Faire venir la vie de tous les côtés

Fleurs, oiseaux, insectes... La vie engendre la vie… et la santé !

Intégrer si cela est possible et approprié des éléments artistiques

Sculptures, fontaines,... leur présence est particulièrement bienvenu dans des lieux où l’art est en général peu présent, voire totalement absent.

Effacer ou atténuer l’aspect “thérapeutique” des jardins.

Éviter, par un aménagement peu délicat, la venue de pensées négatives sur soi-même (incapable de, malade, handicapé…). Au contraire aider le sentiment d’être en capacité de faire, ressentir...

Essayer de générer des liens avec l’extérieur

Écoles d’horticulture, écoles élémentaires, organismes, associations… sont des vecteurs de lien social, essentiel au bien-être des résidents.

Faire des jardins des outils pratiques et agréables d'utilisation

pour les soignants afin qu’ils se les approprient facilement, ainsi que les résidents.

Penser les jardins pour qu’ils soient utilisés et appréciés en toute saison.

Aucune raison de ne pas sortir en hiver.

Etre réaliste dans l’aménagement des jardins.

Leur entretien doit être pensé en amont pour qu'ils ne deviennent pas vite une jungle inhospitalière

Etre ambitieux

Essayer par tous les moyens de créer une dynamique suscitant l’adhésion et la participation du plus grand nombre, laisser libre cours à l’imagination... Un projet ne doit pas s’arrêter à la simple création d’un jardin. Son succès dépend essentiellement de ce qui en sera fait et de la possibilité ou non de le faire évoluer, en favorisant toujours ce qui le rendra plus vivant et non ce qui l’endormira...