Le développement des jardins thérapeutiques en France est une petite (et douce !) révolution dans le monde du soin. Aurait-on imaginé il y a quelques années un intérêt si fort pour une approche du soin n’impliquant ni médicaments ni matériel médical, mais tout simplement… la NATURE ?
Les temps changent. Le bouleversement écologique n’est pas neuf mais ses effets prennent une proportion par trop visible. Nous prenons tous peu à peu conscience de notre « manque de nature ». Aussi les confinements nous ont fait entendre plus que jamais l’appel de la forêt et des grands espaces. C’est sans doute là une des raisons de l’intérêt croissant pour les jardins thérapeutiques.
Mais ceux-ci répondent aussi à un désir largement partagé de redonner place à l’humain dans le monde de la santé. Nombreux sont les soignants qui souffrent de la déshumanisation croissante du système de santé. Qui se plaignent de n’avoir le temps que de prodiguer des actes médicaux et pas celui d’être véritablement auprès de ceux qu’ils soignent. L’impossibilité d’être disponible, à l’écoute, bienveillant est source d’une profonde souffrance.
Dans ce contexte, le jardin est souvent perçu comme une bouffée d’oxygène, un lieu
d’accueil, un lieu apaisant qui libèrerait chacun d’une partie de ses afflictions. Un lieu harmonieux où il est possible d’oublier les difficultés et de se déployer plus simplement et sans heurt. Un lieu où nous ne nous réduisons pas à un rôle ou un sujet médical mais où toute notre humanité est acceptée, avec tout ce qu’elle comporte de sensibilité et de fragilité.
En bref le jardin est ressenti comme un lieu vivant qui laisse le champ libre à la Vie.
Les jardins thérapeutiques semblent une réponse à la fois efficiente et sensible au besoin de ré-humanisation de nos institutions. Un nouvel humanisme se fait jour, lentement, dans le monde du soin.
Notre société reste malgré tout profondément cartésienne. Aussi, sans les études scientifiques maintenant nombreuses et irréfutables prouvant les effets bénéfiques sur la santé d’une mise au vert et d’activités en lien avec la Nature, il y a fort à parier que rien ne bougerait. Il nous faut des chiffres et des preuves ! Quitte à prouver ce que tout le monde ressent intimement… Il faut également des arguments financiers pour engager des frais (même minimes) afin d’améliorer les espaces extérieurs des lieux de soins (aujourd’hui majoritairement délaissés) et permettre qu’ils soient utilisés dans une démarche de prise en charge thérapeutique.
On peut certes regretter que ne soit davantage mis en avant le caractère humaniste des jardins thérapeutiques mais plutôt les arguments scientifiques ou économiques. Notre monde n’est pas gouverné par les sentiments, la poésie et la quête d’harmonie, c’est ainsi !
Mais l’essentiel n’est-il pas que la douce révolution ait effectivement lieu ?