Article de Nicole Brès, paru dans la revue ASH Etablissements n°16 (avril 2022)
Concilier santé, bien-être et développement durable avec un budget raisonnable, est-ce possible ? Dans la problématique de la liberté d’aller et venir, le jardin représente pour tous un sas de décompression. Face à l’enfermement physique et psychologique, la nature est un précieux allié.
Les bienfaits de la nature sur nous
De nombreuses études scientifiques1 ont fondamentalement prouvé que l’exposition à la nature baissait le rythme de notre pouls, de notre tension et de notre taux de cortisol salivaire. Ce qui a pour effet une régulation de notre niveau de stress.
A côté de ces études, il y a notre vécu : marcher dehors pour une pause et un regain d’énergie, jardiner et repartir heureux, récolter un légume que l’on a planté et se sentir vivant, s’émerveiller devant une fleur, un insecte, un paysage et se sentir apaisé, converser plus facilement dehors que dedans entre quatre murs, etc.
Un jardin est une source de plaisir pour tous, soigné, soignant, famille et parfois habitants du quartier. Les relations avec le voisinage et le reste de la ville sont peu développées et renforcent le caractère autarcique des établissements souvent au centre des critiques virulentes émises à leur encontre. Mettre de la nature dans et autour de la structure, c’est s’ouvrir à l’extérieur et aux autres. Un contact avec la nature, un dialogue parfois, renforce la santé physique, psychique, cognitive et sociale.
Pour plus de biodiversité
En plantant dans quelques jardinières ou dans un massif arbustes et fleurs indigènes, des insectes et des oiseaux arrivent en quelques saisons, même en ville. Plus de vert et moins de macadam et voilà la faune et la flore qui s’installent. Un arbre caduc planté, c’est une ombre fraîche créée. Ses feuilles vont au compost avec les épluchures de la cuisine et l’on réduit les déchets en fertilisant le sol. La gestion efficace des déchets passe par un tri et un composteur. C’est fédérateur et cela ouvre sur de nombreuses activités. En respectant certaines règles, votre jardin devient un réservoir de vies qui se multiplient au fil des années gratuitement. Il est le support de séances d’hortithérapie, mais comment ?
Un outil de médiation
L’hortithérapie est une pratique qui prend soin de l’autre dans une relation à la nature. Au jardin, une séance va travailler la motricité, l’envie, la concentration, la mémoire et/ou le sensoriel en fonction d’un objectif défini au préalable et d’une évaluation de la séance qui va nourrir la prise en charge du participant. Le jardin, source de plaisir, va permettre un mieux-être pour des personnes vulnérables en travaillant, sans en avoir l’air, leur santé physique, psychique, cognitive et sociale.
Le jardin thérapeutique est un lieu clos sécurisé et non pas « zéro risque », où la personne pourra aller et venir, faire ou ne rien faire, jardiner, se promener, converser, rêver. Pour cela, nul besoin de matériel onéreux, de sol coûteux ou de végétaux de collection, mais un projet d’établissement suivi par une équipe motivée qui va, avec un professionnel de ces jardins de soins, aboutir à un plan simple et lisible où le végétal sera à l’honneur toute l’année.
C’est un jardin pour lequel un budget d’entretien et d’usage doit être pensé. Sa fréquentation dépend de son attractivité et des professionnels qui y viendront faire une séance : les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les nutritionnistes, les hortithérapeutes. Non pas pour reproduire dehors ce qu’y est fait dedans mais pour une immersion dans la nature qui sera le lien entre le soignant et le soigné. Un lien toujours disponible, étonnant, changeant et peu coûteux pour le professionnel qui le sollicite. Et en dehors de séance cadrée, il est lieu de détente, de repos et de rencontre.
L’amélioration des conditions de travail des salariés, le bien-être des résidents et la réduction des déchets, la préservation de l’eau sont des thèmes auxquels l’implantation d’un jardin thérapeutique répond à moindre frais. La Nature n’a pas besoin de l’homme mais nous avons besoin d’elle, pour survivre, pour vivre mais aussi pour s’ouvrir à une autre dimension. Ne lui fermons pas la porte mais ouvrons-nous à tous ces bienfaits.
(1)
WICHROVSKI M. WHITESON J. HAAS F. (et al.). Effect of horticultural therapy on mood and heart rate in patient participating in a inpatient cardiopulmonary rehabilitation program. Journal of Cardiopulmonary Rehabilitation and Prevention.
2005, 25(5), p.270-274
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16217230/
BERTO Rita, The role of nature in coping with psycho-physiological stress : A literature review on restorativeness. Behavioral Sciences
2014, vol.4, p. 394-409, en accès direct sur
https://doi.org/10.3390/bs4040394
HARTIG
Terry (et al.) Nature and Health. Annual Review of Public Health
(2014), vol.35, p.207-228
https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-publhealth-032013-182443?cookieSet=1